Posted on décembre 1 2003 by Acpnumerique

Plaidoyer pour le lancement d’un programme Afrique Numérique pour promouvoir l’unité, le désenclavement et le développement économique en Afrique

Plaidoyer pour le lancement d’un programme Afrique Numérique pour promouvoir l’unité, le désenclavement et le développement économique en Afrique

Notre association présidée par Monsieur Kéba MBAYE, a pour mission de contribuer à l’unité juridique du continent africain ; notre conviction intime est que le droit est d’une part un facteur fondamental, un préalable nécessaire pour le développement économique durable et d’autre part, l’un des principaux ciments des économies et des nations ; c’est la raison pour laquelle notre association et ses membres oeuvrent sans relâche pour la promotion et le succès de la dynamique d’unification juridique et d’Etat de droit économique engagée dans le cadre de l’OHADA.

C’est bien dans le prolongement de sa mission que notre association a lancé en 2001, avec l’appui direct ou indirect des grandes entreprises, de la Caisse des Dépôts et Consignations, des administrations françaises et suisses, de l’Union Européenne, du Fonds InfoDev (Groupe Banque Mondiale) et du Fonds Francophone des Inforoutes, l’initiative OHADA.com dont l’objet est de mettre la puissance de l’Internet et des NTIC au service de l’entier succès de la dynamique OHADA.

OHADA.com met aujourd’hui à la disposition de tous un contenu extrêmement riche d’informations sur le nouveau droit, sa jurisprudence, sa doctrine.

Le succès de cette initiative est unanimement reconnu ; en théorie, un outil comme OHADA.com peut devenir l’épine dorsale de l’information juridique en Afrique et l’un des vecteurs modernes essentiels de l’Etat de droit économique, de la transparence juridique et de la formation au droit économique en Afrique. InfoDev et le Fonds Francophone des Inforoutes ont retenu le projet OHADA.com car il constitue un exemple concret de la contribution potentielle de l’Internet et des NITC au développement économique et humain en Afrique et contribue directement à l’accès des pauvres (les centaines de milliers d’étudiants en droit, économie, gestion par exemple) à une information essentielle, à forte valeur ajoutée, accès que seules les NTIC et leur formidable potentiel peuvent délivrer.

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Avec le recul de 3 années de développement du site OHADA.com qui a aujourd’hui près de 10.000 abonnés et dont la base d’abonnés croît de près de plusieurs centaines par mois, nous sommes en mesure de constater que le site OHADA.com est fortement freiné dans son apport aux praticiens du droit, aux magistrats et aux étudiants par les très fortes contraintes que rencontre l’Internet en Afrique sub-Saharienne : accès extrêmement lent, coût très élevé au regard des capacités contributives de la majorité des internautes en Afrique, absence quasi totale de services haut débit (à l’exception peut-être de certains quartiers de Dakar et d’Abidjan), services qui représentent cependant le cœur de ce que l’Internet peut apporter pour le désenclavement, la productivité et le développement économique.

Le vécu de l’initiative OHADA.com mène notre association à affirmer avec beaucoup de conviction le constat que le continent africain n’est pas aujourd’hui en mesure de bénéficier de manière satisfaisante du potentiel considérable de l’Internet, sans même évoquer les technologies haut débit, pour son désenclavement et son développement économique et humain.

L’intervention rapide, concrète et efficace des bailleurs de fonds nous paraît se justifier entièrement pour permettre à l’Afrique sub-Saharienne de bénéficier pleinement du potentiel des NTIC.

Notre association plaide donc pour que soit mis à l’étude par les bailleurs de fonds, en particulier l’AFD et l’Union Européenne, le lancement d’un ambitieux programme Afrique Numérique.

Ce dernier pourrait s’inspirer des principes d’intervention publique qui font l’originalité et le succès du programme Guadeloupe Numérique soutenu par l’Union Européenne et la Caisse des Dépôts et Consignations. Ce programme, en subventionnant à hauteur de 75 % sur fonds FEDER et Région la pose d’un câble sous-marin reliant directement la Guadeloupe, puis la Martinique, à la dorsale Internet Mondiale passant au large de la Floride, va permettre dans un horizon de 12 mois, de réduire par près de dix fois le coût de l’Internet aux Antilles françaises ; en rendant possible l’essor des technologies haut débit au service du désenclavement et du développement économique, il va permettre à la Guadeloupe et à la Martinique de tourner une page de leur histoire économique.

Ce programme va en outre poser les bases d’un projet de coopération régionale qui favorisera, à partir des départements français d’Amérique, le désenclavement et le développement économique d’une partie significative de la Caraïbe.

En s’inspirant des principes d’intervention définis supra, le programme Afrique Numérique pourrait ainsi contribuer à financer de manière significative, avec une composante don importante au moins égale à celle retenue pour le programme Guadeloupe Numérique, les infrastructures télécoms de connectivité IP qui permettraient à un horizon de 5 ans à une partie significative de l’Afrique sub-Saharienne (en commençant par les capitales de l’Afrique de l’Ouest et du Centre côtière) de pouvoir enfin bénéficier, à des conditions économiques viables et réalistes au regard des niveaux de pouvoir d’achat, du potentiel de l’Internet et des technologies haut débit pour son désenclavement et sa modernisation économique ; des opérateurs mondiaux de télécommunications seraient naturellement des partenaires privés et professionnels naturels de cette démarche.

Notre association a par ailleurs bien noté qu’un récent mémorandum du CIAN au Gouvernement français signé par les Présidents Gérard PELISSON et Jean-Louis CASTELNAU plaidait pour l’intervention prioritaire de l’ensemble des outils d’aide français, en faveur de programmes concrets et structurants à long terme qui, à l’image d’un programme comme l’OHADA, répondent aux 3 critères suivants :

  • fort effet de levier en termes de développement économique et humain à long terme
  • qui servent les intérêts de la France, de ses entreprises, de sa culture, de sa langue
  • dont l’existence même et le succès confortent la pertinence et l’efficacité à long terme des concours d’aide à l’Afrique tout en favorisant le bon remboursement de la part remboursable de ces concours.

Un mémorandum équivalent et adapté avait également été adressé par le CIAN à la Commission Européenne.

Notre association pense sincèrement que le lancement d’un programme Afrique Numérique visant au financement très concessionnel des infrastructures de connectivité IP reliant de manière optimale l’Afrique au réseau mondial, à l’initiative de la France et de l’Union Européenne en coordination étroite avec la Banque Mondiale et avec une mobilisation forte de l’ensemble des outils d’aide français, dont l’AFD, répondrait clairement aux 3 critères définis par le CIAN.

Succès assuré, un tel programme correspondrait probablement à une utilisation optimale des fonds publics d’aide à l’Afrique ; son effet de levier très fort permettrait au continent africain de bénéficier rapidement du potentiel que les NTIC et les technologies haut débit mettent aujourd’hui à sa disposition pour son désenclavement, sa modernisation et son développement économique et humain.

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